J'ai essayé de faire le tour de tous les cas qui correspondent à la définition du ‘’courage’’ que je connais.
L'histoire de l'humanité en compte sûrement beaucoup, Bien sur il y a déjà eu à survivre depuis l'aube de l'humanité, cela a dû en compter des millions d'actes de courage, des révolutions, les nombreuses guerres, de grands combats connus, ceux des livres d'histoires,
Certains ont été sûrement très héroïques et n'ont jamais été connus, pires certains sacrifices n'ont peut-être jamais servi à rien, n'ont rien changés au moment ou ils ont été accomplis, c'est triste, des actes extraordinaires, inconnus et inutiles.
Il y a tous les jours des personnes anonymes, exposés à des actes de courage, ils y sont préparés, les pompiers, les forces de polices, les secouristes de montagne, les spéléologues secouristes, les soldats, les agents des services secrets.
D'autres, par leurs métiers, font preuve d'une autre sorte de courage, les agents qui travaillent sur des lignes haute-tension, les mineurs de fonds, les scaphandriers, les sous-mariniers, les grutiers, les artificiers, les bâtisseurs d'ouvrages, tels les buildings, les barrages, les démineurs, les pilotes d'avions.
Il y a encore une autre sorte de courage volontaire, celui qui rejoint les loisirs : Le parachutisme, l'alpinisme, la plongée sous-marine, la course automobile ou motocycliste, le plongeon acrobatique, Le slalom géant ou le saut à ski, le saut à l'élastique.
Il y a une forme de courage plus particulière, moins simple à définir comme étant du courage puisque longuement apprise et faisant partie souvent d’un métier, il ne s’agit pas d’un courage physique, mais intellectuel Je pense par exemple à l’action d’un chirurgien, et à la décision qu’il doit prendre et dont dépend la vie ou la mort d’un patient.
Toutes ces personnes, ont en commun une forme de courage. Il faut admettre qu’une personne ayant peu confiance en elle, recherchant la sécurité, ayant une nature craintive, ne cherchant ni montée d’adrénaline à ni à s’exposer à un quelconque risque physique, ou à des hautes responsabilités, ne pourrait pas faire partie des cas cités ci-dessus.
Reste enfin le fantastique courage de personnes anonymes, qui malgré elles souvent font face à des situations qui exigent une autre sorte de courage, peut-être la plus belle car la plus gratuite de toutes, une abnégation qui une fois que l’on en a connaissance force au plus grand respect et à une réelle admiration.
Les parents d’enfants malades, dont ils connaissent l’issue, souvent cette maladie est longue, dégénérative, pénible, injuste, révoltante. Il arrive que l’inverse soit vrai, des enfants voient leurs parents décliner sans rien y pouvoir. Des malades eux mêmes qui ne se plaignent pas, font face avec calme et dignité.
C’est dans ces dernières catégories que je place les agents d’intervention de la centrale nucléaire de Fukushima. Depuis le début des incidents ces personnes savent que leur surexposition aux radiations les condamnes à moyen terme.
Ils savent qu’ils vont déclencher rapidement des leucémies et des cancers, que ce ne sera ni rapide, ni facile à vivre, pourtant tous les jours, ils font le maximum, rejouant David contre Goliath, ils tentent avec des moyens dérisoires de protéger la population de leur pays, leurs amis, leurs familles et des milliers d’inconnus. Ils mettent toute leur énergie à limiter les radiations, à remettre en fonctionnement les sécurités de cette centrale, et savent minute après minute qu’ils s’enfoncent dans une situation d’où ils ne sortiront pas, sauf quand la mort les délivrera, et je pense que ‘’délivrance’’ ne sera pas un mot trop fort. Ils ont déjà subit des doses de radiations massives, cela rend tout espoir impossible, pendant qu’ils font face au danger, sans se plaindre, sans même en parler, sans colère, sans reproches, sans bruit. Ils ont déjà commencés à mourir doucement.
Ce qui reste peut-être de leurs familles ou amis, les sait engagés dans ce dernier combat. Ils sont comme l’ensemble du peuple Japonais, admirables d’abnégation, d’humilité, d’un sens du devoir que seule cette nation mainte fois touchée, et qui mainte fois s’est remise debout pouvait produire. Ils seront reconnus comme des héros tous ensemble, ces simples salariés anonymes qui auront sacrifiés leurs vies, et qui n’en auront que peu de retour de leurs vivants. Leurs noms ne resteront pas dans les livres d’histoires. Nous en parlerons comme ‘’ces types courageux’’. Comme l’ont été malgré eux les liquidateurs de Tchernobyl, eux qui n’avaient pas choisi, ne connaissaient pas vraiment le risque n’étaient, ni volontaires, ni équipés.
Ils vivent tous dans cette région, ils y ont sûrement perdu des proches, lors du tremblement de terre ou du tsunami, leur maison, peut-être leurs enfants, leurs, femmes, mais ils sont au cœur du drame le plus menaçant et assurent leur mission.
Nous ne connaîtrons pas leurs histoires individuelles, leurs vies personnelles, ce qu’ils aimaient, ce qu’ils avaient comme projet, que faisaient t’il la veille ? Quels ont été les dernières paroles échangés avec leurs familles ? Les derniers gestes avant de quitter leurs domiciles ? Que devaient t’ils faire le lendemain ? A quoi pensent t’ils en essayant actuellement de protéger le reste du Japon ? Ils savent que dehors c’est la désolation, que leur vie a irrémédiablement changé, que les mois à venir vont faire apparaître les 1er symptômes de leur irradiation massive, ils devront faire face au pire scénario imaginable, leur maladie et ces conséquences, la solitude, le deuil, la perte de tout ce qu’ils avaient et tous ceux qu’ils connaissaient, et une vie raccourcie.
J’ai toujours cru les Kamikazes, endoctrinés, incapables de libre arbitre, voir fanatiques. Je comprends maintenant qu’il ne s’agissait que de sens du devoir au-delà de ce que nous le concevons. Il y a eu la guerre, Kobé, maintenant cette catastrophe qui restera dans l’histoire. Ce peuple n’a pas perdu son sens de l’excellence, son sens du devoir, son attachement à la patrie, le sens de honneur.
Alors que partout des personnes s’affolent, réclament des protections, se sentent déjà contaminés, ont peur, s’enfuient ou stockent comme pour une guerre locale, et nous fait honte. Cette nation qui reste calme, sans débordements, sans haine, avec tant de pudeur, oblige au respect et à l’admiration. Que de courage. ..J'aimerai que ce drame soit mieux suivi, que deviennent t-ils ?
Ironie de l’histoire pendant que ces hommes se meurent avec honneur pour protéger leur pays, un dictateur d’opérette, massacre sans état d’âme son propre peuple.
Il ne connaît sûrement pas le sens du devoir, de l’honneur, du courage.