Oui, je dois tout au chômage.
Cela peut paraitre un non-sens, et pourtant.
Tout d'abord je vous raconte en raccourcis mon parcours
À 14 ans l'école ne me convenait plus, je n'avais alors qu'une passion la mécanique.
Alors seule solution pour le décrocheur que j'étais m'inscrire dans un centre d'apprentissage.
J'y fais mes 3 ans je n'y étais pas trop mal, et là une fois fini, je m'aperçois que ce n'est pas du tout ce que je croyais, je me voyais travailler dans une écurie de course et je me retrouve à faire des vidanges et changer des plaquettes de freins dans un petit garage de banlieue. STOP! Je ne veux pas faire ça des années, toujours froid, sale, petit salaire, je quitte ce milieu et je vais travailler en usine…Là je change 3 ou 4 fois un jour j'assemble des pièces en aluminium, un autre je suis magasinier, ou cariste. à un moment je trouve un "bon" poste toujours magasinier mais mieux payé, dans une boite qui offre des opportunités de progression, alors je m'y lance à fond et ça paye, en 4 ans je passe de magasinier à chef magasinier, puis on me propose d'intégrer le Sce achats, je suis assistant achats puis plus tard j'accède au poste de responsable d'achat d'une division de la société…Poste important dans cette entreprise, je suis bien payé, considéré, je m'y sent bien me voilà en place, je compte y rester.
Mais parfois la vie est capricieuse, gros problème dans l'entreprise qui fait faillite 2 ans plus tard, et case chômage…C'est difficile car reconnu dans cette entreprise qui m'a formé je n'ai pas les diplômes et je ne vaut rien ailleurs. Je tente bien de postuler à l'identique fort de mon expérience mais que des portes closes, en France on ne s'intéresse pas ce que vous savez faire, mais juste au fait que vous ayez ou non le diplôme…Donc je dois recommencer de tout en bas, me revoilà en intérim, je suis livreur, entre les missions je vends des méthodes pour apprendre le dessin ou les langues, payé uniquement çà la commission, dur...Je postule dans un entreprise comme commercial pour vendre de la menuiserie bois, quelques mois de souffrance dans une entreprise inhumaine et me revoilà au chômage…Là je réfléchis quand on a pas de bonnes propositions ou pas de propositions du tout , je me dis que je dois créer, mais quoi, mon bagage est léger, pas d'économies, j'en parle autour de moi, mon frère me propose de créer un société de vente de logiciel spéciaux, on y va, mais au bout de 6 mois force est de constater que l'on peut à peine payer un Smig, je laisse l'affaire à mon frère qui en avait eu l'idée et me revoilà au chômage. Un copain me propose de l'aider, dans une salle de réception, on y va avec 3 sous, ça marche à peu près une année puis les normes déjà dures de ce genre d'établissement étant de plus en plus sévères, avec en plus les riverains qui portent plainte pour nuisance. On doit tout arrêter, retour chômage. Je continue à remuer mes relations et un copain me propose de venir travaille pour lui dans une boite toute récente et d'utiliser mes talents de mécanicien pour faire de la pose de moteurs de portails. Soit, je vais travailler avec lui et ça marche fort, si fort que l'on décide que nous ferons le commerciaux le soir aux heures ou les gens sont rentrés du travail et l'installation la journée ainsi on est 2 fois plus efficaces et rapides, cela me permet d'apprendre la partie commerciale du métier, puis les achats du matériel là je rencontre les dirigeants des boites dans lesquelles on se fournis et je me fais un beau carnet d'adresses et de précieuses relations.
La boite marche trop bien on passe de 2 à 14 en 5 ans, on décroche de gros contrats, l'argent coule à flot, et là le patron déjante, il fait rentrer dans la boite son fils, sa femme, ses beaux-frères, il ne cherche plus des compétences mais à être le patriarche d'une de sa tribu, il achète de luxueuses voitures de fonctions comme on achète des croissants et moi je prends peur , je lui en parle lui demande de revenir à la raison, il le prends mal on s'embrouille il veut que je parte je suis d'accord voyant bien que l'on va dans le mur. Je préviens quelques-uns de nos fournisseurs que la boite devient hors contrôle par respect, par sympathie, par amitié avec certains, et je pars. Me revoilà au chômage.
Je regarde les annonces et rien de bien intéressant, je refais un peu d'intérim…Au bout de quelques mois, un des patrons de la société italienne ou nous nous fournissions et que j'avais prévenu, me contacte, il tient à me remercier de l'avoir mis en garde, il a pu agir en conséquence, malgré tout un an plus tard mon ancienne boite à fait faillite.
Du coup il n'avait plus de distribution sur la France, au regard de notre succès il se dit que le marché existe bien et qu'il ne faut pas le laisser à des concurrents, alors il me dit qu'il va créer une structure en France et me propose de la diriger sous sa tutelle comme directeur de filiale.
J'accepte, on je travaille comme responsable de sa structure pendant 15 ans, on fait une bonne équipe qui se respecte et a un vrai plaisir à travailler ensemble. Un jour il me dit qu'il veut prendre sa retraite se retirer des affaires. Il me propose à des conditions tout à fait correctes de lui racheter la structure française et de continuer à mon compte. Ce que je fais, voilà comment je me retrouve patron d'une PME, grâce au chômage, car si ma première boite, comme la seconde ou la troisième ou les autres avaient fonctionnés, j'y aurai fait carrière sans me remettre en question c'était si confortable, mais je serai resté un salarié toute ma vie professionnelle, je n'aurai jamais su que j'avais d'autres possibilités, d'autres capacités. Chaque période de chômage m'a fait sortir de mon confort, m'a bousculé, m'a obligé à repartir de zéro, c'était le chemin que je devais faire pour arriver à mon dernier poste. Sans ces échecs je n'aurais jamais eu cette opportunité. Etre le patron, avoir un salaire confortable, et surtout au moment de ma retraite j'ai une entreprise à vendre et ça fait toute la différence.
Alors si vous êtes au chômage, si vous devez repartir de zéro, même plusieurs fois, allez-y ! Ne pleurnichez pas sur votre sort, ne vous découragez pas, faites n'importe quel job alimentaire, cultivez y des contacts, soyez en alerte, prêt à saisir n'importe quelle opportunité, cela m'a pris 4 entreprises 4 périodes de chômage, 3 périodes d'intérim, de repartir chaque fois de zéro, mais je n'ai pas renoncé je ne me suis pas lamenté – chaque expérience m'a appris quelque chose que j'ai utilisé dans ma boite actuelle, et si ce n 'est pas technique c'est psychologique. Combien de fois quand je rencontre une difficulté je la relativise en me disant "Que serais tu si tu étais resté mécanicien, magasinier, ou livreur? Aujourd'hui ne te plains pas des difficultés, tu es chef d'entreprise ! C'était mon parcours il devait me mener là. Alors oui, je dois tout au chômage.